mercredi 27 avril 2016

CRIME ET CHÂTIMENT (1866) - Fedor DOSTOÏEVSKI - Folio classique n°2661

A priori, une idée saugrenue que celle de (re)lire "Crime et Châtiment" sous les tropiques : ce monument de la littérature m'a donc accompagné pendant mon séjour à Cuba !
-
  -
 
-
C'est en Sibérie au bagne d'Omsk, où il a été déporté pendant quatre années pour dissidence politique, qu'il aurait conçu le projet de Crime et Châtiment :
« Je mettrai mon cœur et mon sang dans ce roman. Je l'ai projeté au bagne, couché sur les bats-flancs, en une minute douloureuse de chagrin et de découragement...» (lettre à son frère Mikhaïl)
-
On retrouve dans ce chef-d'oeuvre les thèmes de la Souffrance et de la Rédemption comme dans la plupart des romans de Dostoïevski !
-
Que s'est-il donc passé dans la conscience de Raskolnikov, un jeune étudiant pauvre, intelligent et très bon, pour s'octroyer le "droit de tuer" une vieille usurière qu'il juge malfaisante ?
-
 
EXTRAITS
-
" Ai-je vraiment tué la vieille ? C'est moi que j'ai assassiné, moi et pas elle, moi-même, et je me suis perdu à jamais... Quant à la vieille, c'est le diable qui l'a tuée et pas moi..."
-
" Raskolnikov se mit à trembler de tout son corps comme un homme frappé d'un coup terrible.
- Mais...alors...qui...est l'assassin ? balbutia-il d'une voix entrecoupée.
Porphyre Petrovitch se renversa sur sa chaise, de l'air d'un homme stupéfait par une question abracadabrante.
- Comment, qui est l'assassin ? répéta-t-il comme s'il n'en pouvait croire ses oreilles, mais c'est vous. "
-
" Où ai-je lu, pensa Raskolnikov en s'éloignant, qu'un condamné à mort disait, une heure avant son supplice, que s'il lui fallait vivre sur quelque cime, sur une roche escarpée, où il n'y aurait qu'une étroite plate-forme, juste assez large pour y poser les pieds, une plat-forme entourée de précipices, perdue au milieu d'océans infinis dans les ténèbres éternelles, dans une perpétuelle solitude, exposé aux tempêtes incessantes, et s'il devait rester là, sur ce lambeau, sur ce mètre d'espace, y rester toute sa vie, mille ans, toute l'éternité, il préférerait encore cette vie à la mort ? Vivre, vivre seulement, vivre n'importe comment, mais vivre... Que c'est donc vrai, Seigneur, que c'est donc vrai ! L'homme est un lâche...et lâche est celui qui lui reproche cette lâcheté..."
-
" ...Enfin il s'approcha d'elle, ses yeux étincelaient. Il lui mit les deux mains sur les épaules et fixa son visage tout couvert de larmes. Son regard était sec, dur et brûlant, ses lèvres tremblaient convulsivement...Tout à coup il s'inclina, se courba jusqu'à terre et lui baisa le pied, Sonia (la jeune prostituée) recula pleine d'horreur comme si elle avait eu affaire à un fou. Et il avait bien l'air d'un dément, en effet.
- Que faite-vous ? Devant moi ! balbutia-t-elle en palissant, le cœur étreint d'une douleur affreuse.
Il se releva aussitôt.
- Ce n'est pas devant toi que je me suis prosterné, mais devant toute la douleur humaine, fit-il d'un air étrange, et il alla s'accouder à la fenêtre. Écoute, ajouta-t-il, en revenant bientôt vers elle, j'ai dit tantôt à un insolent personnage qu'il ne valait ton petit doigt..."
---
-
A lire le commentaire de cette œuvre par Jean-Louis Backès (Foliothèque n° 40)...


*
***
*
Fédor Dostoïevski
1821-1881
-

-
-
" Dostoïevski, le cœur le plus profond, la plus grande conscience du monde moderne " (André Suarès)
-
Sa tombe à St Pétersbourg (photos prises au cimetière Titkhvine du monastère Alexandre Nevski)...

 
***
*


 


 

3 commentaires:

  1. Je devrais enfin me décider à lire ce bouquin. Il prend la poussière depuis longtemps sur mes étagères.Mais j'avoue que j'ai du mal à lire ou à relire les classiques. Et je ne suis pas spécialement attiré par la littérature russe. J'ai tort, j'en conviens.

    RépondreSupprimer
  2. Effet du hasard, je l'ai lu pour la première fois le mois dernier. Je craignais de voir ce pavé me tomber des mains mais je ne l'ai pas lâché.

    Déjà, le style de l'auteur et la qualité de la traduction rendent la lecture fluide et agréable, ce qui est important. Et puis bien sûr, l'intrigue sous certains aspects "policière" (Raskolnikov va-t-il avouer, être démasqué ?, de même que la très grande habileté de le construction tiennent en haleine du début à la fin.

    Le réalisme, la force et la profondeur des personnages, la puissance des dialogues, le message social et moral, on a déjà tout dit sur ce livre qui fait sans doute partie des 10 ou 20 qu'il faut absolument avoir lus.

    Dans un genre différent, j'ai lu cet été le Kim de Kipling, et ai encore plus aimé que Dosto.

    Amitiés
    JF

    RépondreSupprimer
  3. Je suis un "fan" absolu de Dostoïevski...
    Amitiés
    JC

    RépondreSupprimer