mercredi 17 septembre 2014

L'HOMME AUX LEVRES DE SAPHIR (2004) - Hervé LE CORRE - France

500 pages à dévorer !


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Paris 1870
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Un éventreur court dans Paris, la nuit, et se livre à des actes sauvages...
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Curieux assassin, envouté, possédé par la lecture du livre du Comte de Lautréamont et qui se considère comme une sorte d'incarnation de Maldoror :
"" Un assassin qui n'agit ni par convoitise, ni par intérêt, pas même animé par la haine, ou un quelconque ressentiment. Non. Cet homme-là, puisque c'est un homme, et non un fauve, ou un démon, a lu un livre, est tombé amoureux de son auteur, et prétend lui rendre hommage en réalisant concrètement les crimes décrits dans l'ouvrage, intitulé "Les Chants de Maldoror" et qu'on doit à un jeune Isidore Ducasse, natif de Montevideo,...fils du consul de France...
....tâcher de cerner ce fou furieux lâché dans la ville un livre dans une main et un couteau dans l'autre... ""
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Outre l'originalité du sujet l'auteur nous offre, dans un style brillant, pittoresque et savoureux, un tableau saisissant du Paris de l'époque, alors que le régime du second empire est a bout de souffle et que se profilent les évènements de la Commune...
Un Paris des quartiers populaires avec notamment une classe ouvrière en pleine effervescence...
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J'ai été complètement subjugué par la lecture de ce roman qui s'achève de manière hallucinante !
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Extraits :
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"....On dirait que la fatigue, cette chienne que les patrons leur lâchent aux basques après des heures de travail pour surveiller qu'ils ne feront rien d'autre que reconstituer leurs forces pour le lendemain, est assise à leurs pieds et gronde en montrant les crocs dés qu'ils essaient de bouger. "

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" ..., ils continuent pareillement leurs conversations tonitruantes, et c'est même à ça qu'on reconnaît bien souvent un ouvrier : c'est quelqu'un qui parle haut et fort, sans manière, parce qu'il transporte toujours avec lui dans sa tête étourdie le vacarme de sa condition. "
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 " ; ... il sent bien, à force, que c'est toujours sur les mêmes que s'acharne le mauvais sort, et qu'ils ont le dos bien large et bien pratique pour qu'on leur tombe dessus et que dorme le bourgeois. Il se doute un peu, lui le flicard intègre, obscur gardien de l'ordre, qu'à faire vivre des hommes comme des chiens, ronfler dans des taudis grouillants de puces et de punaises, s'échiner aux usines douze heures par jour, leurs petits jetés dans la fureur des ateliers dès qu'ils se mouchent tout seuls, on ne saurait attendre d'eux des civilités de salon, ou des colères contenues dans le cristal de la politesse, ce bibelot délicat qu'on s'échange entre gens bien. "

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" Le peuple devrait sans tarder prendre les armes et renverser le vieux monde. Foutre le feu aux beaux quartiers, crever la panse des bourgeois. Les femmes, toujours maltraitées, pondeuses esclaves, toujours les dernières, et les putains, donc, comme nous autres, devraient s’asseoir le cul nu sur leur figure et les écraser avec ce pour quoi ils payent à l’insu de leur légitime. Leur péter aux favoris. Leur pisser à la moustache. Faire en sorte que la fente maudite d’où sort le monde soit la dernière étouffante vision de leur nuisible existence. "
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Hervé Le Corre
né à Bordeaux en 1955
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Professeur de Lettres
et Romancier
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La Douleur des morts (1990)
Les Coeurs déchiquetés (2009)
Après  la Guerre (2014)
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3 commentaires:

  1. Quel grand lecteur!
    Merci pour cette note...mais je n'aurais pas le courage ni le temps de m'attaquer à 500p. Cela doit être passionnant en effet.
    Amitié.

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    1. Je marche moins, Hélas ! J'ai le temps de lire !!!!

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  2. Un bouquin que j'aurais effectivement envie de lire. Si je suis polar (surtout au temps de l'été), je deviens difficile et, lorsque la situation proposée n'est pas un quart de poil originale, je m'ennuie facilement; J'ai fait, c'est vrai, un beau voyage en Sicile, mais il était trop court et je n'ai pas eu le temps, par exemple, d'aller voir de près les fumeroles de l'Etna. J'ai vu, ça t'aurait peut-être plu, qu'on jouait ces temps-ci "La fille du régiment"au "Massimo teatro" de Palermo. En rentrant, j'ai eu la curiosité d'écouter des extraits de cet opéra-comique. C'est enlevé ! Bon dimanche. Florentin.

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