dimanche 28 mars 2021

CAPHARNAÜM (2018) - Nadine LABAKI (Réalisation et Scénario avec J.Hojeily et M. Kesrouani) Liban - Diffusé sur Arte le 24.03.2021

Un film Coup de Poing !
(Prix du Jury du Festival de Cannes 2018)
-
4 / 5
-
-
Synopsis :

"À l'intérieur d'un tribunal, Zain, un garçon de 12 ans, est présenté devant le juge. À la question : " Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? ", Zain lui répond : " Pour m'avoir donné la vie ! ". Capharnaüm retrace l'incroyable parcours de cet enfant en quête d'identité et qui se rebelle contre la vie qu'on cherche à lui imposer."
-
Parfois un peu trop démonstrative, sans doute emportée sans doute par son sujet, la réalisatrice n'évite pas toujours les maladresses (sensiblerie, esthétisme inutile...) mais son film souvent proche du documentaire reste un plaidoyer très fort et émouvant contre le sort des millions d'enfants laissés-pour-compte à travers le monde...
Elle explique : 

"Au départ de Capharnaüm, il y a eu tous ces thèmes : les immigrés clandestins, l’enfance maltraitée, les travailleurs immigrés, la notion de frontières, leur absurdité, la nécessité d’avoir un papier pour prouver notre existence, laquelle serait invalide le cas échéant, le racisme, la peur de l’autre, l’impassibilité de la convention des droits des enfants…"
----
Nadine Labaki a choisi ses acteurs dans les rues de Beyrouth...
Des acteurs qui ont vécu des situations semblables à celles décrites dans le film...
C'est le cas du jeune Zain Al Rafeea fascinant dans le rôle de Zain...


-

-


---
-

(A noter que, grâce au film, le jeune Zain, qui avait fui la Syrie pour se réfugier au Liban, vit avec sa famille en Norvège)
 
*
***
*
Nadine Labaki
née en 1974
Réalisatrice, Scénariste, Actrice
-

-

***
*

vendredi 26 mars 2021

MANIERE DE VOIR N° 175 - LE MYSTERE ITALIEN - Mafia, Populisme, Technocrates...- Le Monde Diplomatique

Etonnante et passionnante Italie
-
-
Présentation du numéro coordonné par Olivier Pironet :

"Depuis sa naissance, la démocratie italienne a dû affronter de nombreux défis : l’hégémonie d’un parti-État, les Brigades rouges et les « années de plomb », l’emprise de la Mafia… Elle a également connu, avec Silvio Berlusconi, le règne d’un « président-patron » puis l’arrivée au pouvoir de mouvements antisystème. Ce numéro explore ces mutations, et n’oublie pas la riche culture (cinématographique, littéraire…) du pays."

---
Extrait de l'éditorial "Critères de complaisance" de Benoît Bréville et Olivier Pironet :

"...... Unanimement soutenu par la presse italienne, qui voit en M. Draghi le « leader “financier” » capable de fournir « l’antidote à la peur de l’isolement [des Italiens] vis-à-vis de l’Europe », son cabinet d’union nationale enflamme également les commentateurs hexagonaux. Ainsi, Jacques Julliard s’enthousiasme à l’idée d’un « programme simple d’intérêt général », d’« une personnalité au-dessus [des forces politiques], comme le fut le général de Gaulle » : « N’est-ce pas d’ailleurs ce qui vient de se produire en Italie avec l’arrivée de Mario Draghi comme chef du gouvernement ? Hélas, en France, rien de tel à l’horizon, et ce vide, ce vide sidéral, contribue à notre dépression ». Huit ans de bons et loyaux services à la BCE immunisent contre toute critique : il devient possible de siéger en toute quiétude aux côtés de ministres issus d’un parti xénophobe, dont le dirigeant est notamment accusé par la justice d’« abus de pouvoir et de séquestration de personnes », pour avoir bloqué un bateau de migrants au large de la Sicile lorsqu’il était ministre de l’intérieur......"
-
---
-

33 articles répartis en quatre sections :
-
I. Une république dans la tourmente


"Fondée après-guerre, la république italienne est dès ses débuts confisquée par un « parti-État », la Démocratie chrétienne, aux dépens des communistes, l'autre grande force du pays. Mais, contesté de toutes parts, miné par la corruption et la violence, le régime s'effrite au fil des décennies. À l'orée des années 1990, les partis politiques traditionnels s'écroulent sous le poids des « affaires ». La voie est ouverte pour le « Cavaliere » Silvio Berlusconi."


Bâtir une nation ///// Carlo Maurizi 

Sous le règne du parti-État ///// Percy Allum 

Le défi de la « question méridionale » ///// Diana Pinto 

Ce que furent les « années de plomb » ///// Toni Negri 

Bettino Craxi, parcours d'un « combattant » ///// Percy Allum 

L'ombre du « parrain » américain ///// François Vitrani 

Pouvoir et Mafia, « deux faces d'un même désordre » ///// François Vitrani 

Un pays qui se défait ///// Max Gallo 

L'irrésistible ascension du « Cavaliere » ///// Eduardo Giordano Luchini 

II. « Tout changer »... mais pas trop


"L'irruption de la droite berlusconienne, en 1994, inaugure un nouveau cycle, alimenté par la frénésie néolibérale qui parcourt l'Europe : celui de l'État-entreprise et de la personnalisation de la scène politique. La gauche, elle, va de promesses en trahisons, sacrifiant la question sociale sur l'autel du « réalisme ». La crise économique et la persistance des scandales ne pouvaient qu'exacerber la défiance collective à l'égard des élites, incarnation du « système »."


Le legs du « président-entrepreneur » ///// Guido Moltedo 

Dédiaboliser un parti, mode d'emploi ///// Paolo Raffone 

Dans la tête d'Umberto Bossi ///// Tomas Miglierina 

Bologne lâche la gauche ///// Rudi Ghedini 

Et le capitalisme italien fit sa mue ///// Pierre Musso 

Gênes ou le réveil du mouvement social ///// Massimiliano Andretta 

Berlusconisme, la preuve par le bilan ///// Pierre Musso 

Les reculades de Romano Prodi ///// Rudi Ghedini 

Restructurations et résistances chez Fiat ///// Serge Quadruppani 

Les « toges rouges » contre les « zèbres agiles » ///// Francesca Lancini 

III. Le temps des frondeurs


"L'installation du Mouvement 5 étoiles dans le paysage politique, d'une part, et l'essor de la Ligue sur le plan national, d'autre part, témoignent de l'aspiration au changement exprimée par la population. Si ces formations divergent en termes d'orientations, elle se rejoignent sur deux points essentiels : la lutte anti-immigration et le refus des diktats de l'Europe. Mais une fois au pouvoir, la fronde cède la place à quelques compromis..."


Cinq étoiles dans le vent ///// Raffaele Laudani 

Immigrés dans les rets de la Ndrangheta ///// Christophe Ventura 

Le réformisme a trouvé son « chouchou » ///// Raffaele Laudani 

« Jobs Act », la garantie de la précarité ///// Andrea Fumagalli 

Une improbable alliance ///// Stefano Palombarini 

Le « moment Salvini » ///// Matteo Pucciarelli 

Dans la cour des grands ? ///// Frédéric Attal 

Rome au temps du coronavirus ///// Geraldina Colotti 

IV. Éclats de culture


"Machiavel, Gramsci, Pasolini : ces trois figures, dont les réflexions nourrissent encore notre présent, pourraient presque résumer à elles seules l'apport critique de l'Italie. Terre des arts, la Péninsule est marquée par une créativité qui va du cinéma à la littérature en passant par les idées politiques. Elle reflète les facettes - et les tensions - d'une société en perpétuel questionnement."


Machiavel au panthéon des patriotes ///// Olivier Pironet 

Gramsci, un rayonnement planétaire ///// Ramzig Keucheyan 

Pasolini contre la bien-pensance ///// Guy Scarpetta 

Caméra au poing ///// Ignacio Ramonet 

Petits arrangements avec l'Église ///// Domenico Del Rio 

Dans les entrailles de la Camorra ///// Akram Belkaïd 

Voix de faits

Chronologie, cartographie, chiffres-clés, citations...

Cartes (Cécile Marin) :

Diversité linguistique

Quelques indicateurs socioéconomiques

Vieillissement de la population

Étapes du Risorgimento

Diaspora italienne


***
*

jeudi 25 mars 2021

HOMMAGE - Bertrand TAVERNIER (1941-2021)

Un Fou de cinéma !

Bertrand Tavernier

Est mort à Sainte-Maxime ce jeudi 25 mars...
-


-
Réalisateur, Scénariste, Producteur, Ecrivain,  Président de l'Institut Lumière. 

-
Bertrand Tavernier était par ailleurs passionné de musique.
-



« J’ai défendu un cinéma large, ouvert sur le monde, attentif aux personnages et aux êtres, dramatique autant que jubilatoire. Mais jamais soumis, ni étriqué. »

-

***
*
voir aussi wikipedia
*
***
La diffusion sur Arte de "Coup de Torchon" est normalement prévue lundi 29 mars...

mardi 23 mars 2021

L' INCOMPRIS (1966) - Luigi COMENCINI (Réalisation) - Scénario : Benvenuti et De Bernardi d'après le roman de F. Montgomery (1869) - Italie - Diffusé sur FR 5 le 20.03.2021

Déchirant drame de l'incompréhension entre un homme et son fils...
Peut-être le plus beau film de Comencini !
-
5 / 5
-
-
Synopsis :

"A la mort de sa femme, Sir Duncom, consul britannique à Florence, confie ses deux enfants à une gouvernante. Il juge l’attitude de son fils aîné, Andrea, dix ans, insensible et irresponsable, alors que ce dernier souffre profondément de la préférence affichée que son père témoigne pour son petit frère Milo. Andrea tente par tous les moyens de conquérir l’estime de son père, en vain. L’oncle Will tente d’ouvrir les yeux de son frère sur l’injustice de son comportement à l’égard d’Andrea. Seul un drame fera prendre conscience au consul de l’amour et de la solitude de son fils."
---
"L'incompris" présenté au Festival de Cannes de 1967, en compétition officielle, a été pratiquement hué :
"Un incroyable numéro de cabotinage et de niaiserie",
"Basse sensiblerie, mélo au mauvais sens du mot, complaisances les plus accrocheuses font du film de Comencini une œuvre assez répugnante.",
"Ce cinéma-là, c’est vraiment le pire, celui pour lequel on se doit de n’avoir aucune indulgence, parce qu’il ne mérite aucun respect. "
-
Sorti en salle en 1968 il reçoit le même accueil défavorable, à quelques exceptions près (Tavernier dans Positif...),de la majorité des critiques et sera même retiré de l'affiche au bout de 2 semaines.
-
Fort heureusement, lors d'une ressortie en 1978, accompagnée cette fois d'une unanimité critique...
 Le film va connaître une véritable réhabilitation.
Considéré depuis comme un classique incontournable du cinéma sur l'enfance...
Un film que pour ma part je ne me lasse pas de voir et revoir !
-

---
Comencini avait déclaré :

"La chose qui me passionne le plus est le rapport affectif, qui laisse de côté le raisonnement. Le miracle de la vie est le fait d'avoir des sensations, une compréhension inconsciente pour l'autre dont nul ne peut expliquer les raisons."

L'on ressent dans sa réalisation une totale empathie avec ses personnages.
Son portrait des deux frères confrontés à la mort (interprétés par de jeunes acteurs sidérants de naturel) est d'une sensibilité extrême...
Portrait qui mêle avec une rare délicatesse le chagrin aux moments de joie.
---
-
Anthony Quayle (le père), Simone Giannozzi (Milo)
Stefano Colagrande (Andrea)

-


-
-


-

-

-


---
Le fabuleux adagio du 23° concerto pour piano de Mozart accompagne plusieurs séquences du film.


*
***
*

Luigi Comencini
1916-2007
-

-
Voir wikipedia

***
*

vendredi 12 mars 2021

FRANTZ (2016) - François OZON (Réalisation & Scénario avec Philippe Piazzo) - France/Allemagne - Diffusé sur Arte le 10.03.2021

Bravo à François Ozon qui n'hésite pas à se remettre en question à chacun de ses films !
-
5 / 5
-

-
Synopsis :

"Au lendemain de la guerre 14-18, dans une petite ville allemande, Anna se rend tous les jours sur la tombe de son fiancé, Frantz, mort sur le front en France. Mais ce jour-là, un jeune Français, Adrien, est venu se recueillir sur la tombe de son ami allemand. Cette présence à la suite de la défaite allemande va provoquer des réactions passionnelles dans la ville..."
-

---
Ozon s'est inspiré librement du film de Ernst Lubitsch "L'homme que j'ai tué" (1932) :
"Ma première réaction a été de laisser tomber. Comment passer après Lubitsch ?!"
Il décide finalement d'adopter un autre point de vue :
"Je me suis dit qu'avec mon point de vue de Français, en 2016 et en sachant qu'il y a eu une deuxième Guerre, ça allait donner quelque chose de très différent. Et j'ai vraiment décidé d'être du côté des Allemands, du côté des perdants de la Guerre, et de la jeune Anna".

---
Une histoire bouleversante

*
***
*
Billet rédigé lors de la sortie du film en 2016

Son dernier film (peut-être le meilleur ?) confirme que François Ozon n'a pas fini de nous étonner...
-
5 / 5
-


-
Allemagne 1919...
Anna a l'habitude de se rendre au cimetière sur la tombe de Frantz, son fiancé mort sur le front en France...
Un jour, sur cette tombe, elle va rencontrer Adrien, un jeune Français venu également se recueillir...
-
Francois Ozon, dans ce magnifique mélo, démontre notamment, et avec quel brio, combien le mensonge peut parfois être utile :
"...J'aimais l'idée du mensonge qui apporte du bien. On dit toujours que les mensonges sont catastrophiques, que pour les deuils, les divorces, il faut tout dire aux enfants. C'est vrai. Mais pour des adultes, c'est différent. J'avais envie de montrer comment ce mensonge va permettre aux parents allemands de refonder une famille et d'être heureux...."
-
Deux interprètes remarquables :
Pierre Niney (Adrien)...
-
Paula Beer (Anna)...
---

---
Les parents de Frantz : Marie Gruber et Ernst Stötzner.... 


 
*
***
*
François Ozon
Né à Paris en 1967
Réalisateur, Scénariste, Producteur
-
-
Outre de nombreux courts métrages,
Frantz est son 16ème film...
-
---
Dans ce blog :
***
*

jeudi 11 mars 2021

ANGEL (2007) - François OZON (Réalisation et Scénario avec Martin Crimp) - France - Diffusé sur Arte le 07.03.2021

ANGEL
La vie rêvée / La vie vécue
-
5 / 5
-


---
Synopsis :

"En Angleterre, en 1905, dans la petite bourgade de Noley. La jeune Angel Deverell, qui s'ennuie ferme dans un quotidien morose, s'évade et reprend vie en écrivant des romans sentimentaux. Un jour, Théo, un éditeur londonien, décide de la publier. La jeune romancière prodige connaît une ascension fulgurante. Rien ne lui résiste, ni son éditeur, ni ses proches, ni même le séduisant Esmé, peintre maudit qui vit à mille lieues de l'univers sucré qu'elle affectionne. Mais quand la guerre éclate et qu'Esmé décide de partir au front, la vie et la carrière d'Angel basculent brusquement..."

---
Histoire pathétique d'une jeune fille rêveuse qui veut orchestrer sa vie comme celles des héroïnes de ses romans à l'eau de rose...
Manipulatrice, elle joue en permanence, réussit à s'entourer d'une cour de fidèles mais qu'elle finira par détruire de manière tragique.
-
(A noter que le film tourné avec des acteurs anglais et à la manière des grands mélodrames hollywoodiens d'antan avait quelque peu décontenancé le public.)
-
Ce magnifique et envoutant "mélo" est une adaptation du livre "Angel" (1957) de la romancière anglaise Elisabeth Taylor.
François Ozon précise :

"j'ai tout de suite senti que l'adaptation de ce livre était l'occasion de me confronter à un univers romanesque et que cela pouvait donner lieu à une grande épopée, dans la tradition des mélodrames des années 30-40, racontant la destinée d'un personnage flamboyant sous forme de “rise and fall” (grandeur et décadence). Et puis je suis tombé amoureux du personnage d'Angel, qui m'amusait, me fascinait et finalement me touchait profondément."
---
On ne peut qu'admirer la maitrise du réalisateur, totalement à l'aise dans sa mise en scène :
 Mouvements de caméras,
 Splendeur de la photo des décors, des couleurs,
 Direction d'acteurs...
Rien n'est laissé au hasard !
-
La distribution est remarquable
et
Romola Garaï crève l'écran dans son interprétation d'Angel : héroïne pathétique à la fois exaspérante et bouleversante.
---
-
Images :
-
Romolo Garaï (Angel)...

-
Michael Fassbender est Esmé...

-

-

-

-



*
***
*
François Ozon
né en 1967
Réalisateur, Scénariste, Producteur
-

-
voir wikipedia

***
*