vendredi 2 septembre 2016

CHRONIQUE D'HIVER (2012) - Paul AUSTER - Etats-Unis - Actes Sud BABEL n°1274

Retour vers Paul Auster !
Après quelques années "d'infidélités" (inexplicables) je reviens, et avec quel bonheur, vers l'écrivain newyorkais (il vit à Brooklyn)...
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J'ai retrouvé avec plaisir son style à la fois limpide et virtuose (excellente traduction de Pierre Furlan).
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Paul Auster a écrit ce livre, alors qu'il avait soixante quatre ans :
"C'est un fait incontestable : tu n'es plus jeune. Dans un mois exactement, tu auras soixante-quatre ans, et bien que ce ne soit pas un âge terriblement avancé - pas ce qu'on considère normalement comme le grand âge -, tu ne peux t'empêcher de penser à tous ceux qui n'ont pas réussi à parvenir aussi loin que toi."
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Cette chronique n'est pas une autobiographie classique mais un regard intime, émouvant, mélancolique que l'auteur jette sur son passé à travers l'évocation (sans ordre chronologique) de souvenirs d'enfance , d'adolescence, de l'âge d'homme : émotions, rencontres, plaisirs, douleurs, lieux où il a vécu...
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Avec habileté l'auteur s'adresse à lui-même dans un tutoiement qui semble également interpeller le lecteur...
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Les toutes premières lignes du livre :

"Tu crois que ça ne t'arrivera jamais, que ça ne peut pas t'arriver, que tu es la seule personne au monde à qui aucune de ces choses n'arrivera jamais, et pourtant, l'une après l'autre, elles se mettent toutes à t'arriver, exactement comme à tout le monde."
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Autres extraits :
"Il est certain que tu es quelqu'un d'imparfait et de blessé, un homme qui porte en lui une blessure depuis le tout début (pourquoi sinon, aurais-tu passé toute ta vie à verser ce sang de mots sur une page?) et les avan­tages que tu retires de l'alcool et du tabac te servent de béquilles pour que ton moi puisse tenir debout et se déplacer dans le monde."
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"Les paroles de ta grand-mère à ta mère : 'Ton père serait vraiment un homme merveilleux - si, seulement il était différent.' "
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"L'inventaire de tes cicatrices, surtout celles de ton visage que tu peux voir chaque matin quand tu te regardes dans le miroir de la salle de bains pour te raser ou te peigner. Tu y penses rarement, mais chaque fois que tu le fais, tu comprends qu'il s'agit de marques de vie, que cet assortiment de lignes brisées, gravées sur ton visage, sont les lettres d'un alphabet secret qui raconte l'histoire de la personne que tu es, car chaque cicatrice est la trace d'une blessure guérie, et chaque blessure a été provoquée par une collision inattendue avec le monde."
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"Parle tout de suite avant qu'il ne soit trop tard, et puis espère pouvoir continuer à parler jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien à dire. Il ne reste plus beaucoup de temps, finalement. Tu fais peut-être bien, pour l'instant, de mettre tes histoires de côté et de tenter d'examiner les sensations qui te viennent de vivre dans ce corps, depuis le premier jour où tu te souviens de t'être senti vivant jusqu'à aujourd'hui. Un catalogue de données sensorielles. Ce qu'on pourrait appeler une phénoménologie de la respiration."
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« Tu as soixante-quatre ans. Dehors, l’air est gris, presque blanc, pas de soleil en vue. Tu te demandes : combien de matins reste-t-il ?
Une porte s’est refermée. Une autre porte s’est ouverte.
Tu es entré dans l’hiver de ta vie. »
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Paul Auster

Voir ICI
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3 commentaires:

  1. Salut l'ami ! J'ai de cet auteur "Cité de verre" (premeire livre d'une trilogie que je n'ai pa suivie). Mais c'était il y a très longtemps et, franchement, je ne me souviens pas du tout de l'argument du roman en question. Pourquoi, j'ai lâché, je ne me souviens plus. C'est l'âge, mon bn monsieur !

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    1. C'est à travers la "fameuse" trilogie newyorkaise que j'ai découvert Paul Auster...Je sais que beaucoup sont "allergiques" à cet écrivain - ce n'est évidemment pas mon cas....

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  2. Sans être allergique, Cité de verre m'était tombé des mains il y a déjà bien longtemps, mais il faudrait sans doute insister, et puis, il y a peut-être aussi un âge ou un moment pour vraiment apprécier certains livres -c'est en tout cas ce que l'on dit de Proust par exemple.

    JF

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