Une œuvre de fiction qui évoque la terrible histoire des disparus pendant la période noire de la dictature argentine (1976-1983)...
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Présentation :
"Après vingt ans d'ignorance puis de quête, Luz a enfin démêlé les fils de son existence. Elle n'est pas la petite-fille d'un général tortionnaire en charge de la répression sous la dictature argentine ; elle est l'enfant d'une de ses victimes. C'est face à son père biologique, Carlos, retrouvé en Espagne, qu'elle lève le voile sur sa propre histoire et celle de son pays."
«Je me suis acharnée à faire la lumière sur cette histoire d'ombres.» (Elsa Osorio)
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Au début de la lecture, quelque peu dérouté par la "construction" de l'œuvre (l'auteure passe constamment d'une époque à l'autre sans transition),
Ensuite fasciné et bouleversé par ce roman qui s'impose avec une telle force qu'on oublie que c'est une fiction.
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Extraits...
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"Les fantômes sortent maintenant de ces minutes du procès, de ces pages déjà jaunies par le temps, et peuplent mes jours et mes nuits. Je vois cette fille, Beatriz, la jambe cassée, au camp de détention, qui se traîne aux toilettes et y trouve les lettres et le journal intime de sa mère que l'on accrochés pour se torcher le cul. Je l'imagine essayant de cacher sous ses vêtements ces papiers de sa mère qui s'est suicidée eu de temps auparavant, folle d'horreur devant le destin de sa fille. C'est exprès qu'ils ont placé là ces papiers, pour qu'elle les y trouve, comme si ses tortures physiques n'étaient pas suffisantes. Et cet homme que ni l'électricité sur ses gencives, le bout des seins, partout, ni les séances systématiques et rythmiques de coups de baguettes en bois, ni les testicules tordus, ni la pendaison, ni les pieds écorchés à la lame de rasoir, ne parviennent à faire s'évanouir ni parler, et à qui on présente un linge tâché de sang : "c'est de ta fille", lui disent-ils, voyons s'il va collaborer, s'il va parler maintenant."
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"Toutes ces années en France ont formé une mince croûte sur sa blessure,mais depuis qu'elle est à Buenos Aires,la douleur s'est réveillée,elle peut la palper,la respirer,la sentir remuer dans son corps. C'est une douleur qui ne la laisse pas en paix,qui exige d'elle action,vengeance,réparation. Et la seule réparation possible,pense-t-elle,sera de remuer ciel et terre pour retrouver cet enfant,sa nièce ou son neveu,si du moins il a survécu. "
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" Jamais plus ! Jamais plus ! ", c'est un seul cri qui monte de milliers de voix vibrantes et fait naître en moi une émotion nouvelle. Et maintenant :" Celui qui ne saute pas est un militaire ! " Et je chante et sautille avec mes copains de fac, avec tout le monde, tous ceux qui convergent vers la place de Mai. Et je sens croître une force dans ces voix avec lesquelles je me lie, je fraternise. "
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Elsa Osorio
née à Buenos Aires en 1953
Etudes littéraires
Romancière, Journaliste, Scénariste (télévision et cinéma), professeure.
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Autres ouvrages publiés en France (éditions Métailié) :
Tango (2007)
Sept nuits d'insomnie (2010)
La Capitana (2012)
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Comment des hommes peuvent -ils infliger des choses pareilles à d'autres hommes ? Ils sont pourtant doués d'émotion. Comment peuvent-ils chaque jour passer ainsi à l'acte ? Je me refuse à comprendre. A quelle profondeur faudrait-il aller ? Florentin
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