vendredi 1 novembre 2019

LA PORTE DES ENFERS (2008) - Laurent GAUDÈ - France - Actes Sud (Babel n° 1015 - J'ai Lu n°10469)

Descente aux Enfers
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Présentation par l'Editeur :


"Au lendemain d’une fusillade à Naples, Matteo voit s’effondrer toute raison d’être. Son petit garçon est mort. Sa femme, Giuliana, disparaît. Lui-même s’enfonce dans la solitude et, nuit après nuit, à bord de son taxi vide, parcourt sans raison les rues de la ville.
Mais, un soir, il laisse monter en voiture une cliente étrange qui, pour paiement de sa course, lui offre à boire dans un minuscule café. Matteo y fera la connaissance du patron, Garibaldo, de l’impénitent curé don Mazerotti, et surtout du professeur Provolone, personnage haut en couleur, aussi érudit que sulfureux, qui tient d’étranges discours sur la réalité des Enfers. Et qui prétend qu’on peut y descendre…"

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Le mythe d'Orphée et l'Enfer de Dante magistralement revisités par Laurent Gaudé...
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Un récit violent, sanglant, tragique où l'on passe du réel au fantastique avec une virtuosité déconcertante.
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Tout comme dans "Le Soleil des Scorta" on ne qu'admirer la sobriété de l'écriture et l'habile composition du récit sur deux époques.
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Extraits :

"Pippo? L'enfant ne répondit pas. Il se sentit pâlir d'un coup. Il se mit à genoux. Sa chemise était baignée de sang. Pippo? L'air lui manqua. Son fils ne bougeait pas, restait face contre terre, inerte. Pippo? Il cria. Il ne savait que faire. Il cria. Parce qu'il ne savait pas comment empêcher ce sang qu'il aimait de continuer à se répandre sur le trottoir..."

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"Son fils allait rester là, enterré dans ce cimetière. Sa vie de mère était terminée.
Elle colla son front contre la vitre et dit adieu aux mille choses qui faisaient Pippo. Son école. Sa chambre à coucher. Ses vêtements, ceux qu'il aimait, ceux qu'il ne mettait jamais. Elle dit adieu à la joie de se promener avec lui, au contact ténu de sa main dans la sienne. Elle dit adieu à son angoisse de mère qui s'était emparée d'elle dès la grossesse et n'aurait jamais dû la quitter de toute sa vie....."


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"..Il n'y a rien à redouter de nulle part. Le ciel. Le pape. Rien. Vous savez pourquoi ? Parce que le ciel est vide et que tout est sens dessus dessous. J'ai espéré, moi, le châtiment pour les assassins et le paradis pour les innocents. Vous pouvez me croire. J'ai espéré. De toute mon âme. Mais les hommes saccagent tout et ils n'ont rien à craindre. C'est ainsi que va le monde. Vous savez ce qu'il nous reste ? [...] Il ne nous reste qu'une seule chose. Notre courage ou notre lâcheté. Rien d'autre."


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"En traversant les eaux du fleuve, Matteo ne put réprimer ses larmes. Il pleura toutes ces vies honnêtes et joyeuses qui, d'un coup, se trouvaient laides et haïssables.Il pleura sur ces êtres qui se croyaient maintenant vicieux alors qu'ils avaient été loyaux? Il pleura sur ce fleuve de tourment qui volait aux morts les plus beaux souvenirs...
Il pleura sur la cruauté de la mort qui se joue ainsi des âmes pour asseoir son pouvoir et pour que ne règne sur son royaume sans fin, comme cela a toujours été, que le silence résigné de ceux qui ne savent plus ce que furent, le désir, les larmes, la rage et la lumière, et qui marchent sans savoir où ils vont, creux comme des arbres morts dans lesquels siffle le vent. "

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"En disparaissant, les morts emportent un peu de nous-mêmes. Chaque deuil nous tue. Nous en avons tous fait l'expérience. Il y a une joie, une fraicheur qui s'estompe au fur et à mesure que les deuils s'accumulent... Nous mourons chaque fois un peu plus en perdant ceux qui nous entourent..."

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Laurent Gaudé
Né à Paris en 1972

Romancier, Nouvelliste, Dramaturge.
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Voir sur ce blog ---)  "Le soleil des Scorta"

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1 commentaire:

  1. Pas plus gai que le film dont tu parles plus haut. La vie, pour certains (pour beaucoup trop) n'est pas facile. Je vais me faire offrir ce bouquin pour Noël. Noël ? Paradoxal quand on sait que Noël est la fête de l'amour et de la joie. Amicalement. Florentin

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