lundi 17 juin 2019

LE SOLEIL DES SCORTA (2004) - Laurent GAUDE - France - Actes Sud (J'ai lu n°8254)

Une découverte bienvenue !
Laurent Gaudé je ne connaissais pas...
Vu récemment dans une émission de télévision où je l'ai trouvé particulièrement convaincant et attachant...
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Présentation par l'Editeur :


"La lignée des Scorta est née d'un viol et du péché. Maudite, méprisée, cette famille est guettée par la folie et la pauvreté. A Montepuccio, dans le sud de l'Italie, seul l'éclat de l'argent peut éclipser l'indignité d'une telle naissance. C'est en accédant à l'aisance matérielle que les Scorta pensent éloigner d'eux l'opprobre. Mais si le jugement des hommes finit par ne plus les atteindre, le destin, lui, peut encore les rattraper."
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Oui Ébloui par...
La qualité du style  (des phrases courtes qui donnent un rythme haletant au récit),
La force et l'émotion qui se dégagent de l'histoire qui conte, de façon magistrale, la saga des Scorta, sur quatre générations de 1875 à nos jours,
Et l'éclatant soleil des Pouilles...
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Dés les premières lignes l'envoûtement est là :

"La chaleur du soleil semblait fendre la terre. Pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers. Tout était immobile. Le parfum des collines s’était évanoui. La pierre gémissait de chaleur. Le mois d’août pesait sur le massif d’un Gargano avec l’assurance d’un seigneur. Il était impossible de croire qu’en ces terres, un jour, il avait pu pleuvoir. Que de l’eau ait irrigué les champs et abreuvé les oliviers. Impossible de croire qu’une vie animale ou végétale ait pu trouver- sous ce ciel sec- de quoi se nourrir. Il était deux heures de l’après-midi, et la terre était condamnée à brûler."
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Autres citations :

"Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n'y a rien à faire. Nous l'aimons trop cette terre. Elle n'offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d'entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur nous l'avons en nous. D'aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleines dents. Il est là dans les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les olives. Les oranges. C'est son parfum. Avec l'huile que nous buvons, il coule dans nos gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil."
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"Les olives sont éternelles. Une olive ne dure pas. Elle mûrit et se gâte. Mais les olives se succèdent les unes aux autres, de façon infinie et répétitive. Elles sont toutes différentes, mais leur longue chaîne n’a pas de fin. Elles ont la même forme, la même couleur, elles ont été mûries par le même soleil et on le même goût. Alors oui, les olives sont éternelles. Comme les hommes. Même succession infinie de vie et de mort. La longue chaîne des hommes ne se brise pas. Ce sera bientôt mon tour de disparaître. La vie s’achève. Mais tout continue pour d’autres que nous."

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"... Ceux qui disent que nous sommes pauvres n'ont jamais mangé un bout de pain baigné de l'huile de chez nous. C'est comme de croquer dans les collines d'ici. Ça sent la pierre et le soleil. Elle scintille. Elle est belle, épaisse , onctueuse. L'huile d'olive, c'est le sang de notre terre."
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"Tu n'es rien, Elia. Ni moi non plus. C'est la famille qui compte. Sans elle tu serais mort et le monde aurait continué de tourner sans même s'apercevoir de ta disparition. Nous naissons. Nous mourrons. Et dans l'intervalle, il y a quelque chose qui compte. Toi et moi, pris seuls, nous ne sommes rien. Mais les Scorta, les Scorta, ça, c'est quelque chose."
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"J'ai péché. J'ai tué et violé. Qui a arrêté mon bras? Qui m'a plongé dans le néant pour débarrasser la terre de ma présence? Personne. Les nuages ont continué à traverser le ciel. Il a fait beau les jours où j'avais du sang sur les mains. Il a fait beau de cette lumière qui semble un pacte entre le monde et le Seigneur. Quel pacte est possible dans un monde où je vis? Non, le ciel est vide et je peux mourir en souriant."
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"Il faut profiter de la sueur. C’est ce que je dis, moi. Car ce sont les plus beaux moments de la vie. Quand tu te bats pour quelque chose, quand tu travailles jour et nuit comme un damné et que tu n’as plus le temps de voir ta femme et tes enfants, quand tu sues pour construire ce que tu désires, tu vis les plus beaux moments de ta vie."

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Laurent Gaudé
Né à Paris en 1972
Romancier, Nouvelliste, Dramaturge.
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Voir Wikipedia ----) ICI

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3 commentaires:

  1. J'ai ce livre quelque part dans ma bibliothèque et - à ma grande honte ? - je ne l'ai pas encore lu :
    ta note sera l'occasion pour me précipiter à sa recherche, et certainement l'emporter pour lire en avion
    mi juillet en route vers l'Ouest Canadien...
    Avec toute mon amitié,

    JPS

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  2. Je ne connais pas. Mais je vais connaître. Depuis un moment, j'achète tous les Prix Goncourt (y compris celui des lycéens, souvent intéressant). Mais pas depuis 2004. Dommage. Bien amicalement. Florentin

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  3. Tu m'as donné une grande envie de lire ce livre. Ce sera fait cet été sous le soleil plus discret d'Arcachon...
    C

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