mercredi 26 octobre 2016

LES FRERES KARAMAZOV (1880) - Fiodor DOSTOÏEVSKI (1821/1881) - Russie - Folio classique n° 2655 (traduction de Henri Mongault)

 
Paradoxalement, alors que je suis un amoureux de la littérature russe, et en particulier de Dostoïevski, je n'avais pas encore, à mon grand age, lu
 Les Frères Karamazov...
La diffusion sur Arte depuis le festival d'Avignon du "Karamazov" de Jean Bellorini m'avait fortement impressionné...
Il y a quelques semaines je me suis donc lancé et ne l'ai pas regretté !
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On ne sort pas indemne de la lecture d'une œuvre aussi riche et puissante que Les Frères Karamazov  : difficile d'oublier ces frères et la multitude des personnages qu'ils côtoient...
C'est le dernier roman écrit par Dostoïevsk, publié d'abord sous forme de feuilleton, il a rencontré un succès immédiat...
Il est toujours considéré, à juste titre me semble-t-il, comme un chef d'œuvre de la littérature mondiale :
"Le roman le plus imposant qu'on ait jamais écrit" (Sigmund Freud) 
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La famille Karamazov :
Fiodor est le père complètement dépravé qui ne s'est jamais occupé de ses enfants,
Dimitri le débauché passionné venu réclamer l'héritage de sa mère,
Ivan l'intellectuel cynique,
Aliocha, le mystique, qui veut réconcilier la famille désunie,
Smerdiakov le pervers, le fils illégitime (?).
Un jour Fiodor, le vieux père, est assassiné : qui est coupable ?
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Au-delà du puissant drame familial où l'on retrouve toutes les contradictions de l'âme humaine (comme dans toute l'œuvre de Dostoïevski) le roman aborde avec force les grands thèmes métaphysiques, politiques, religieux, psychologiques.
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EXTRAITS 
 
 «Quand je vais vers les gens, il me semble que je suis le plus vil de tous, et que tout le monde me prend pour un bouffon ; alors je me dis : "Faisons le bouffon, je ne crains pas votre opinion, car vous êtes tous, jusqu'au dernier, plus vils que moi !" Voilà pourquoi je suis bouffon, par honte, éminent père, par honte. Ce n'est que par timidité que je fais le crâne. Car si j'étais sûr, en entrant, que tous m'accueillent comme un être sympathique et raisonnable, Dieu, que je serais bon !»
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Des sanglots s'échappèrent de la poitrine de Mitia, il saisit Aliocha par la main. "Ami, ami, oui, dans l'humiliation, et dans l'humiliation jusqu'à nos jours. L'homme endure sur la terre des maux sans nombre. Ne pense pas que je sois seulement un fantoche costumé en officier, bon à boire et à faire la noce. L'humiliation, partage de l'homme, voilà, frère, presque l'unique objet de ma pensée. [...]"
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".... L’homme amasse des biens dans la solitude et se réjouit de la puissance des biens qu’il croit acquérir, se disant que ses jours sont désormais assurés. Il ne voit pas, l’insensé, que plus il en amasse et plus il s’enlise dans une impuissance mortelle. Il s’habitue en effet à ne compter que sur lui-même, ne croit plus à l’entraide, oublie, dans sa solitude, les vraies lois de l’humanité, et en vient finalement à trembler chaque jour pour son argent, dont la perte le priverait de tout. Les hommes ont tout à fait perdu de vue, de nos jours, que la vraie sécurité de la vie ne s’obtient pas dans la solitude, mais dans l’union des efforts et dans la coordination des actions individuelles."
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"Si le juge était juste, peut-être le criminel ne serait pas coupable."
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"Rien ne peut compenser une seule larme d'un seul enfant."
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"Je deviens l'ennemi des hommes dès que je suis en contact avec eux. En revanche, invariablement, plus je déteste les gens en particulier, plus je brûle d'amour pour l'humanité en général."
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"Ce qui est étonnant, ce n'est pas que Dieu existe en réalité mais que cette idée de la nécessité de Dieu soit venue à l'esprit d'un animal féroce et méchant comme l'homme, tant elle est sainte, touchante, sage, tant elle fait honneur à l'homme."
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"On assure que le monde, en abrégeant les distances, en transmettant la pensée dans les airs, s'unira toujours davantage, que la fraternité régnera. Hélas ! ne croyez pas à cette union des hommes. Concevant la liberté comme l'accroissement des besoins et leur prompte satisfaction, ils altèrent leur nature, car ils font naître en eux une foule de désirs insensés, d'habitudes et d'imaginations absurdes. Ils ne vivent que pour s'envier mutuellement, pour la sensualité et l'ostentation."
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Karamazov au Festival d'Avignon 2016...
dans une production de Jean Bellorini (le jeune directeur du théatre Gérard Philippe de Saint-Denis).
Dans cette remarquable adaptation (sur la traduction d'André Markowicz)  Aliocha, le frère mystique, est le "fil rouge" de la pièce.


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Fiodor Dostoïevski
né à Moscou en 1821
mort à St Pétersbourg
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voir wikipedia ---) ICI
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sur ce blog :
 et
et
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Je me souviens de notre émotion, l'an passé à St Pétersbourg, dans le cimetière Tikhvine (voir ici) nous nous sommes trouvés devant sa tombe...
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