lundi 15 février 2021

LA TRANSPARENCE DU TEMPS (2018) - Leonardo PADURA - CUBA - Elena Zayas (traduction) - Editions Métailié

L'auteur précise :

La transparence du temps est un roman et doit être lu comme tel. Les réalités présentes et passées s'appuient sur des données historiques, des contextes et des décors réels, travaillés cependant en fonction de leur emploi dans une écriture romanesque. Comme on le dit maintenant : ce roman s'inspire de faits réels.

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Présentation par l'éditeur :

"Alors qu’il approche de son 60e anniversaire, Mario Conde broie du noir. Mais le coup de fil d’un ancien camarade de lycée réveille ses vieux instincts.
Au nom de l’amitié (mais aussi contre une somme plus qu’honorable), Bobby le charge de retrouver une mystérieuse statue de la Vierge noire que lui a volée un ex-amant un peu voyou.
Conde s’intéresse alors au milieu des marchands d’art de La Havane, découvre les mensonges et hypocrisies de tous les “gagnants” de l’ouverture cubaine, ainsi que la terrible misère de certains bidonvilles en banlieue, où survit péniblement toute une population de migrants venus de Santiago.
Les cadavres s’accumulent et la Vierge noire s’avère plus puissante que prévu, elle a traversé les siècles et l’Histoire, protégé croisés et corsaires dans les couloirs du temps.
 Conde, aidé par ses amis, qui lui préparent un festin d’anniversaire somptueux, se retrouve embarqué lui aussi dans un tourbillon historique qui semble répondre à l’autre définition de la révolution : celle qui ramène toujours au même point."
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C'est un bonheur de retrouver Mario Conde, ex-flic, revendeur de vieux livres, détective à l'occasion, dans ce formidable roman mélancolique et plein d'humour...
Personnage attachant, romantique, amateur de livres (son rêve était d'être écrivain), de rhum, de cigares et de café...
A l'approche de la soixantaine, alors qu'il broie du noir, obsédé par "l'arrivée obscène de la vieillesse", Mario se voit chargé par un ami de retrouver une vierge noire médiévale...
Avec une étonnante virtuosité, Padura, sans doute le plus grand écrivain cubain vivant, 
Nous entraine dans une Havane invisible aux touristes avec le tableau d'une génération victime d'avoir cru à une certaine révolution,
Nous convie aussi à une remontée dans le temps avec l'histoire de la vierge noire.
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EXTRAITS :
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"Il pensa alors qu'il voyait le temps à travers la transparence d'une goutte de pluie accrochée à une branche. Ou en franchissant les années, à travers la transparence cristalline d'une larme qu'un état d'âme altéré mais incoercible avait arraché à ses yeux."
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"Sous la torture un homme peut avouer les mensonges les plus absurdes, car ce n’est plus lui qui parle mais ses peurs libérées, portées à leur paroxysme…"
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"Conde se dit qu’en réalité, il y avait deux villes invisibles dans la ville visible : la fourmilière agitée des malheureux et les fabuleuses propriétés des bienheureux politiques et économiques"
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"- La drogue, ça ne m'attire pas... Et en plus, j'ai l'intelligence de ne pas m'en mêler... Écoute, Conde, tu sais bien que dans ce pays, sur mille affaires que font les gens, neuf cent quatre-vingt-dix-neuf sont illégales, parce qu'à Cuba, ce qui n'est pas interdit est illégal... Et moi je fais toutes ces affaires. J'en vis mais il y a deux...branches...auxquelles il vaut mieux ne pas toucher : la politique et la drogue..."
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"J'ai passé les quarante premières années de ma vie à faire semblant, en me réprimant, en me torturant, pour qu'on ne foute pas ma vie en l'air, pour que mes parents, pour que vous mes copains, pour que tout le monde dans cette patrie machiste-socialiste croient que j'étais ce que je devais être : un jeune homme exemplaire, viril, militant, athée, obéissant..."
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".....des millions de cubains dont les estomacs avaient été surveillés pendant des décennies par le livret de ravitaillement qui les empêchait de mourir de faim mais qui ne leur permettait pas de vivre sans souffrir de faim."
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"Sur le chemin du retour, il était passé chez une femme, médecin retraitée qui pour s'en sortir préparait clandestinement des repas à la demande."
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"Le prix de cette sculpture pouvait donc être incalculable et c’était pour cela que deux victimes s’étaient ajoutées à la liste probablement très longue des hommes sacrifiés sur l’autel d’une puissante statue, peut-être rapportée par un Templier anonyme ou par un roi devenu saint, des mythiques collines de Jérusalem, la Terre sainte pour laquelle trois religions qui paradoxalement croyaient au même Dieu s’étaient battues, avaient tué, s’affrontaient et tuaient encore."

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Leonardo Padura Fuentes
né à La Havane en 1955
 dans le quartier de Mantilla où il réside toujours...
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Licencié en philologie de l'Université de La Havane...
Ecrivain, Journaliste et Scénariste

Voir notamment sur ce blog :
et
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3 commentaires:

  1. Ta présentation me donne bien envie de lire ce livre, et de découvrir cet auteur que je n'ai encore jamais lu....

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  2. Scenario qui suscite l'envie de lire ce bouquin. Et je crois que ton plaisir de le lire s'est augmenté du fait qu'il a été écrit par un auteur cubain et que l'action se passe dans un pays que tu connais comme ta poche. Je note. A plus.

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  3. Retour (nostalgique?) à Cuba, pour toi par le biais de cet écrivain que je ne
    connais pas et qui doit avoir des points communs avec James Lee Burke
    et son inspecteur Dave Robicheaux?
    Merci pour ta belle note,
    Amitié de
    JPS

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