samedi 25 avril 2020

NOCES (1938) suivi de L'ETE (1954) - Albert CAMUS (1913-1960) -

Un bonheur que de lire et relire
Albert CAMUS
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Note du 4 janvier 2015.....
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Journée sinistre : les grisailles parisiennes me font rêver de lumière, de couleurs, de mer...
Bonne occasion de se retrouver en compagnie d'Albert Camus sous le soleil méditerranéen avec "Noces" et "L'été", sans doute mes deux textes préférés dans l'œuvre du grand humaniste...
Deux textes magiques (en particulier Noces) que l'on peut lire et relire sans jamais se lasser....
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Au-delà de la poésie souvent sensuelle et du lyrisme de l'évocation de moments exaltants vécus tout autour de la Méditerranée avec sa lumière, son ciel, sa mer, ses couleurs, ses odeurs, sa beauté...
Les grands thèmes de l'œuvre de Camus apparaissent en filigrane : l'angoisse de l'homme devant la mort, mais aussi son voluptueux appétit de vivre, sa communion avec la nature...
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Dés les toutes premières lignes de Noces, l'éblouissement :
"Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil. Les yeux tentent vainement de saisir autre chose que des gouttes de lumière et des couleurs qui tremblent au bord des cils. L'odeur volumineuse des plantes aromatiques racle la gorge et suffoque dans la chaleur énorme..."
(Noces à Tipasa-1936)
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Tipasa
(photos glanées sur la toile...)
  « le monde est beau, et hors de lui, point de salut »
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Sur la stèle érigée à la mémoire de l'écrivain sont gravés ces mots :

"Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure.

La suite du texte (Noces à Tipasa) :
"... Il n'y a qu'un seul amour dans ce monde. Étreindre un corps de femme, c'est aussi retenir contre soi cette joie étrange qui descend du ciel vers la mer. Tout à l'heure, quand je me jetterai dans les absinthes pour me faire entrer leur parfum dans le corps, j'aurai conscience, contre tous les préjugés, d'accomplir une vérité qui est celle du soleil et sera aussi celle de ma mort..."
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Après Tipasa, Camus nous entraine à Djemila, Alger, Oran et  tout autour des rivages méditerranéens avec ses légendes, ses dieux, ses héros...
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Quelques extraits...
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« Qu’est-ce que le bonheur sinon l’accord vrai entre un homme et l’existence qu’il mène ».
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« Ici même, je sais que jamais je ne m’approcherai assez du monde. Il me faut être nu et puis plonger dans la mer, encore tout parfumé des essences de la terre, laver celles-ci dans celle-là, et nouer sur ma peau l’étreinte pour laquelle soupirent lèvres à lèvres depuis si longtemps la terre et la mer. »
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"Je me souviens du moins d'une grande fille magnifique qui avait dansé tout l'après-midi. Elle portait un collier de Jasmin sur sa robe bleue collante, que la sueur mouillait depuis les reins jusqu'aux jambes. Elle riait en dansant et renversait la tête. Quand elle passait près des tables, elle laissait après elle une odeur mêlée de fleurs et de chair."
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Camus reviendra plus tard à Tipasa :
"Et sous la lumière glorieuse de décembre, comme il arrive seulement une ou deux fois dans des vies qui, après cela, peuvent s'estimer comblées, je retrouvai exactement ce que j'étais venu chercher et qui, malgré le temps et le monde, m'était offert, à moi seul vraiment, dans cette nature déserte...
...Je retrouvais ici l'ancienne beauté, un ciel jeune, et je mesurais ma chance, comprenant enfin que dans les pires années de notre folie le souvenir de ce ciel ne m'avait jamais quitté. C'était lui qui pour finir m'avait empêché de désespérer. J'avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. O lumière ! c'est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant. Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin qu'il y avait en moi un été invincible."
(L'Eté - Retour à Tipasa/1952)
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Comment ne pas rêver de revoir Tipasa !
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A voir ICI article du Promeneur du 68 : Albert Camus, l'homme sensuel.
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ALBERT CAMUS
Prix Nobel de Littérature 1957

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3 commentaires:

  1. Très bel article!
    C'est toujours à la fois plaisir et approfondissement que de relire Camus!
    Voir aussi ici :
    https://promenadeaupaysdeslivres.blogspot.com/2014/10/albert-camus-lhomme-sensuel.html
    Amitié et bonne continuation,

    JPS

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    1. La reference à ton article figure (voir ci-dessus)
      bon dimanche
      Amitiés
      JC

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  2. Je me débarrasse des livres que j'ai lus, sûr que je ne les relirai pas. Il m'en reste trop à lire. Mais celui-là, comme quelques autres, je l'ai gardé. 0 un moment ou a un autre, je le reprendrai. Pour les mêmes raisons que toi et que tu dis si bien... Florentin

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