jeudi 1 juin 2017

LE FLEUVE DES BRUMES (2003) - Valerio VARESI - Italie - Traduit par Sarah Amrani (2016) - Agullo Editions

 Derrière ce bien joli titre
Le Fleuve des Brumes
(Il Fiume delle Nebbie)
Découverte de l'auteur d'un excellent roman policier doublé de l'évocation d'un épisode ignoble et douloureux du passé de l'Italie...

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Présentation de l'Editeur :
"Dans une vallée brumeuse du nord de l'Italie, la pluie tombe sans relâche, gonflant le Pô qui menace de sortir de son lit. Alors que les habitants surveillent avec inquiétude la montée des eaux, une énorme barge libérée de ses amarres dérive vers l'aval avant de disparaître dans le brouillard. Quand elle s'échoue des heures plus tard, Tonna, son pilote aguerri, est introuvable. Au même moment, le commissaire Soneri est appelé à l'hôpital de Parme pour enquêter sur l'apparent suicide d'un homme. Lorsqu'il découvre qu'il s'agit du frère du batelier disparu, et que tous deux ont servi ensemble dans la milice fasciste cinquante ans plus tôt, le détective est convaincu qu'il y a un lien entre leur passé trouble et les événements présents..."
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Une atmosphère étrange, inquiétante, mystérieuse où le fleuve avec ses brumes, en donnant son rythme lent et implacable à ce récit captivant, semble bien être le personnage principal : "Ses recherches le conduisaient toutes vers le Pô où l'on ne voyait jamais le ciel. Et lui ne croyait pas aux coïncidences."
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J'ai beaucoup aimé son style : une écriture précise, poétique (excellente traduction de Sarah Amrani)
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Quelques Extraits...
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"Commissaire, vous le voyez, le Pô ? Ses eaux sont toujours lisses et calmes, mais en profondeur il est inquiet. Personne n'imagine la vie qu'il y a là-dessous, les luttes entre les poissons dans les flots sombres comme un duel dans le noir. Et tout change continuellement, selon les caprices du courant..."
 
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"Le niveau de l’eau avait encore baissé et, dans ce qui devait être le fond, on apercevait de gros squelettes d’arbres entraînés par des décennies de crues depuis les vallées alpines jusqu’aux sables de la vallée du Pô. Des groupes de glaneurs et de curieux avaient commencé à battre les berges en quête de bizarreries remontées à la surface après des années passées dans l’eau."

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"La mort rôde autour de nous et quelquefois elle prend l'apparence de l'innocence"
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"Dans les méandres du PÔ pouvaient survivre des communistes encore fidèles à Staline et des fascistes irréductibles."

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"Au Parti, il y a seulement vingt ans, on nous enseignait que l’Histoire va toujours de l’avant, vers un futur meilleur ; à présent, non seulement l’optimisme a disparu, mais le Parti aussi. Je ne crois franchement pas que les choses puissent s’améliorer. Comme le Pô, nous marchons vers la fange d’une mer fétide"

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"Ne vous laissez pas abuser par les apparences, poursuivit le batelier, on agite le passé quand on a plus confiance dans le présent.
- Il ne semble pas que vous ayez oublié. Ce fleuve, par exemple..."
"Laissez tomber. Il faut distinguer l'expérience de la mémoire. On a l'illusion que l'on se souvient parce qu'il semble que tout est toujours identique, comme le fleuve, qui n'a de cesse de couler entre une crue et une période d'étiage. Mais en fait on recommence chaque fois de zéro. Les souvenirs valent pour deux ou trois générations, puis ils disparaissent et d'autres les remplacent. Après cinquante ans, on revient à la case départ. Moi, j'ai chassé les fascistes et aujourd'hui ils sont de retour avec mes petits-enfants. Après quoi, eux aussi se retrouveront le cul par terre."
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Valerio Varesi
né à Turin en 1959
Diplômé de philosophie de l'Université de Bologne
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Journaliste et auteur de onze romans où l'on retrouve l'attachant commissaire Soneri, un tenace enquêteur qui sait aussi profiter des joies de la vie...
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1 commentaire:

  1. Le genre de livre qui me plairait. La crue du Pô, ça me rappelle quelque chose de plus léger, les déboires de Dion Camillo. Mais, c'est une autre histoire. En réponse à ton com : tu as raison, je suis de mauvaise foi en matraquant NY et ses gratte-ciels. Ma fille y est allée plusieurs fois et elle m'a bien indiqué qu'en dehors de toutes ces hautes tours, la ville était d'une richesse absolue. J'ai voulu faire un bon mot en voyant sa carte postale si caractéristique des clichés qu'on en fait. Bon Dimanche ... et bon Lundi ! Florentin

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