"Une petite ville du Midi, ses lotissements, son quotidien morne et ses interminables jours d’été. Jo et Céline, deux sœurs de quinze et seize ans, errent entre fêtes foraines, centres commerciaux et descentes nocturnes dans les piscines des villas cossues de la région. Trop jeunes encore pour renoncer à leurs rêves et suivre le chemin des parents qui triment pour payer les traites de leur pavillon.
Mais quand Céline tombe enceinte, c’est le cataclysme. Comme elle refuse de livrer le nom de son amant, la rage du père, Manuel, se libère, sourde et violente, tandis que la jeune sœur tente de s’extraire du carcan familial et que la mère assiste, impuissante, au délitement de sa famille. Jusqu’à l’irréparable."
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Pas vraiment un "polar" mais plutôt un roman noir tout à fait remarquable à l'écriture précise, acérée...
Une histoire sombre, oppressante..
Des personnages forts, attachants, émouvants,
Prisonniers d'une vie qui ne leur plaît pas.
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Extraits :
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"Manuel lève la tête et tend son regard vers les murs. Endetté jusqu’au cou mais propriétaire de sa maison en carton-pâte, de sa maison au crépi rose dans le lotissement social construit par une mairie vaguement socialiste, dans les années 80. Seulement il doit encore tellement de fric à son beau-père que c’est pas vraiment comme si elle était à lui. C’est plutôt comme si elle était à sa femme, la maison. Quant il y pense un peu trop, il a l’impression qu’on lui a coupé les couilles à la faucille. Et maintenant sa fille, comme s’il était incapable de la surveiller. Au grand jeu de la vie, lui non plus n’a pas écrit les règles. Le problème, c’est qu’il pensait le contraire."
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"Les filles avaient des atouts, comme au tarot, et on aurait pu croire que si elles jouaient les bonnes cartes au moment adéquat, il y avait moyen de gagner la partie. Mais aucune d’elles – ni Jo ni sa sœur Céline – n’ont jamais gagné aucune partie. C’était mort au départ, atout ou appât, elles pouvaient s’asseoir sur l’idée même du jeu, vu qu’elles n’avaient pas écrit les règles."
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"Il y avait déjà cette chose en elle, qu'elle faisait encore semblant d'ignorer : une conséquence logique, une logique froide qui veut que la misère n'engendre rien d'autre que la misère."
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"Ses contacts lui ont toujours dit pourtant : fais pas le malin, profil bas et ça ira bien. Faut pas changer les habitudes surtout dans un bled. Les gens aiment pas qu'on sorte des cases, ça leur rappelle qu'ils sont dedans."
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"… une réputation, ça te suit tellement fort que ça peut te transformer en ce que les autres veulent."
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"Et il se remémore les nuits d’avant, quand tout avait du sens, que l’avenir était à lui. Il y pense comme s’il s’agissait d’un autre, se regarde avoir été."
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Marion Brunet
née en 1976
Romancière
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Voir Wikipedia
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Nous revoilà confinés ! Une période qu'on va, pour une part, de nouveau consacrer à la lecture. Il y aura forcément dans le lot de la littérature policière. On ne peut pas tout le temps se torturer les neurones à lire des thèses ! Pour l'heure, je suis dans un bouquin de Paula Hawkins, l'auteur du célèbre "La fille du train", un polar vendu à des milliers d'exemplaires. Allez, ne t'ennuie pas trop pendant ce temps d'ermite... Florentin
RépondreSupprimerJe ne connaissait pas! Merci ...
RépondreSupprimerJe viens d'"attaquer" - sur ta recommandation -
John Cowper Powys (Givre et sang).
Cette atmosphère envoûtante et lugubre par
moments, tant au niveau de la relation des personnages avec la nature,
qu'avec leurs propres sentiments, n'est pas pour me déplaire.
En tout cas une belle écriture fine et ciselée!
Amitiés de
JPS